Exposition sur le Théâtre du Radeau – lumières en chemin
à l’occasion des représentations de [Par Autan->https://vidy.ch/fr/evenement/par-autan/] à Vidy
L’œuvre de François Tanguy, metteur en scène du Théâtre du Radeau qui n’est plus de ce monde depuis le 7 décembre 2022, a durablement marqué les arts de la scène européens par ses compositions théâtrales, scénographiques, littéraires et musicales inouïes. A l’occasion de ce qui restera comme leur dernier spectacle, exposition des dessins de François Tanguy et d’archives du Radeau, à la découverte d’une aventure théâtrale de 40 ans nourrie d’engagements, de textes et de musiques.
Du 15 janvier au 1er février Théâtre de Vidy-Lausanne
Cette exposition ressort de mes recherches sur le Radeau, par exemple dans mon doctorat, le Groupe de recherches sur le Théâtre du Radeau avec Christophe Triau ou la revue Théâtre/public 214.
François Tanguy rejoint la compagnie de Laurence Chable, le Théâtre du Radeau, au début des années 80. Grand lecteur, mélomane averti, il est nourri des expériences des décennies théâtrales précédentes, celles qui avaient ouvert la scène aux langages des arts plastiques, par exemple Tadeusz Kantor, ou de la création musicale, donnant à la musique de scène une dimension dramatique et non plus seulement d’illustration. Pour autant, il cherche aussi un geste théâtral collectif, mais tout autre chose qu’une déclaration manifeste, plutôt une redéfinition du commun, une façon de se lier dans l’attention réciproque, d’accueillir ensemble ce qui se présente et ce qui vient, chacun·e offrant à la circulation de l’ensemble ce qu’il est, ce qu’il peut, sans prétendre à la découverte ni l’invention. Ici le geste est celui d’un accueil, d’une hospitalité, envers autrui, un lieu, un silence, la page d’un livre revenue du passé comme autant de rencontres. Quand il écoute une musique par exemple, Tanguy retient moins la virtuosité que la manière dont les interprètes cheminent ensemble dans l’orchestration, font de l’œuvre l’occasion d’une rencontre, pourrait-on dire fraternelle, entre eux et avec les sons qu’ils modèlent – un poète dirait, une manière d’habiter le temps. Inventant une esthétique chorale – un chœur constitué alors autant des voix, des corps en mouvement, des décors qui redéfinissent sans cesse l’espace, des lumières et des sons qui semblent venir autant de dehors que de potentiellement partout sur le plateau, des morceaux de musique ou des extraits de textes littéraires, Tanguy et le Radeau ont autant poursuit un art d’être hospitalier qui s’est propagé hors du théâtre, dans le lieu qu’ils ont animé, La Fonderie au Mans, dans le partage avec les artistes de passage et les spectateurs fidèles, et dans des engagements forts, par exemple au moment du siège de Sarajevo dans les années 90, en allant jouer dans la ville assiégée puis en entamant avec quelques autres une grève de la faim ; mais ils ont aussi inspiré de nombreux artistes en ouvrant les possibles d’une critique du spectaculaire portée par un attachement au jeu, à la composition dramatique et aux présences.
En présentant les dessins de François Tanguy (récemment rassemblés dans le livre Trait chez Actes Sud), des archives, photographies et montages sonores, cette exposition partage quelques-uns des sentiers empruntés par le Théâtre du Radeau jusqu’à Par Autan, présenté à Vidy du 29.01 au 1.02.